Donnons une définition claire au Haut Potentiel Intellectuel (HPI). Surdoué(e), précoce, ces mots désuets sont utilisés à tort et à travers sans savoir ce qu’ils signifient réellement.
Une petite mise à jour s’impose !
Zèbre ou albatros, redonnons du sens à ces appellations.
Table des matières
Les stéréotypes ont la vie dure
On a beau en parler régulièrement, le Haut Potentiel Intellectuel reste méconnu. D’une part, parce qu’il est pollué par son lot de clichés et d’autre part, parce qu’il est extrêmement complexe.
Une année, j’ai eu pas moins de quatre élèves HPI dans ma classe. Deux d’entre eux avaient passé leur test de QI, tandis que les deux autres montraient des signes très évocateurs sans avoir été testés.
Ces quatre élèves ne se ressemblaient absolument pas. L’une d’entre eux, avait des résultats scolaires corrects mais pas excellents, une hyperémotivité et un manque de confiance en soi. Le second redoutait l’écrit quand il lui était imposé mais pouvait rédiger des pavés pour contester le sens d’un problème de mathématiques. Le troisième était doté d’une mémoire époustouflante et était expert en mérovingiens. La quatrième avait un tel masque social que rien, hormis son test, ne laissait supposer d’un HPI (en tout cas, dans ma classe).
Il est important de préciser que le test de QI n’est qu’un des éléments qui définissent le Haut Potentiel.
Les signes d’un HPI
Quelques éléments indicateurs peuvent vous permettent de savoir si votre enfant est à Haut Potentiel.
- Un QI supérieur à la moyenne
- Une pensée intuitive
- Une hypersensibilité sensorielle
- Une hypersensibilité émotionnelle
- Une empathie particulière
- Une capacité d’introspection et de résilience
- Un manque d’estime de soi
- Un masque social
Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet autre article qui décrit plus en détails les signes d’un HPI.
Ces signes ne sont pas obligatoirement présents chez tous les HPI. Ils peuvent même être complètement absents ou inversés notamment en cas de comorbidité avec une autre neuroatypie.
La pensée en arborescence
Imaginez un arbre. Voyez maintenant ses embranchements et ses sous-embranchements.
A la fois complexe, riche, impressionnant, cela peut donner parfois le vertige.
Toutes ces branches symbolisent une pensée, une piste de réflexion.
Pour un problème donné, la personne ayant une pensée en arborescence ne va pas avoir une pensée linéaire où il suffirait de suivre un chemin unique de réflexion pour aboutir à une conclusion.
Toutes les personnes HPI n’ont pas nécessairement ce mode de pensée mais elle est assez courante. Pour plus d’explications, je vous invite à lire cet article de bilan-psychologique.com qui met en parallèle la pensée arborescente avec les cartes mentales.
Il a conscience qu’il existe de multiples moyens de parvenir à le résoudre. Si certains parviennent aisément à choisir quel est le chemin le plus efficace, d’autres en revanche vont se perdre dans ces ramifications.
Petit bestiaire du HPI : Zèbre ou albatros
Tout d’abord, rentrer dans la tête d’un neuroatypique est difficile. Son fonctionnement de pensée est par définition hors norme. Alors, pour mieux faire comprendre de quoi il s’agit, rien de telle qu’une allégorie.
Un géant maladroit
A l’école, Vous avez sûrement appris, comme moi, le fameux poème de Charles Baudelaire.
« Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »
L’albatros, Charles Baudelaire
Remplacez “poète” par “HPI” et vous obtenez ce que ressentent les Hauts Potentiels.
Bien que le terme semble valorisant et positif, il apporte avec lui des aspects parfois négatifs. Eternel incompris, mal à l’aise parmi les normaux pensants, l’enfant ou l’adulte HPI perçoit cependant des nuances, des profondeurs supplémentaires.
Unique et atypique : le Zèbre
On utilise parfois l’image du Zèbre pour parler des Hauts Potentiels Intellectuels.
Quand on regarde un troupeau de zèbre, on a l’impression de ne voir qu’une foule d’individus identiques. Or, à bien y regarder de plus près, chaque zèbre a une robe différente. Chaque rayure est unique telle les empreintes digitales des humains.
L’idée ici est bien de mettre en avant le fait que s’il est hors norme dans la société, le HPI n’a pas plus de normes parmi les siens. Chaque fonctionnement de pensée est différent.
Mon enfant est-il meilleur que les autres ?
Oui et non…
D’ailleurs, cette question peut perturber la compréhension de l’enfant neuroatypique. On imagine bien souvent, bercés par nos stéréotypes, des enfants incroyablement intelligents, capables des plus grandes choses.
Quel lourd fardeau pour des jeunes en construction ! Non, ils ne seront pas tous aussi brillants qu’Albert Einstein ! Certains mêmes seront ou sont déjà en grandes difficultés voire en échec scolaire.
Les enseignants aussi peuvent être empreints aux stéréotypes. Une étude tunisienne montre à quel point cela peut avoir un impact sur le vécu des élèves.
Si mon enfant a tant de potentiel, pourquoi n’y arrive-t-il pas ?
Pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’apprentissage est avant tout une histoire de confiance en soi. Vous pourrez toujours tenter de transmettre l’encyclopédie à un enfant “surdoué”. Si son estime de lui-même n’est pas fiable, vous n’arriverez jamais à rien. Même la plus simple des leçons peut paraitre difficile si on se sent nul.
D’autre part, la méthodologie de travail est également un facteur de réussite. Or, lorsque les outils d’apprentissage ne sont pas adaptés, il est difficile pour l’élève HPI de s’en emparer. Comment vais-je apprendre cette leçon alors que je ne sais pas par où commencer ?
Enfin, on insiste souvent sur l’importance de comprendre les enjeux des apprentissages. Si cela est souvent vrai pour les normaux pensants, cela est indispensable pour les neuroatypiques.
Vous avez peut-être déjà entendu cette fameuse phrase de votre enfant “Franchement, mais pourquoi on me fait apprendre ces verbes irréguliers ? ça sert à rien !” Pas de but, pas de motivation et donc pas de réussite. C’est aussi simple que ça. Enfin… parfois, on apprend certaines notions bien avant qu’elles soient utiles. A nous d’essayer d’expliciter les enjeux à court, moyen et long termes pour l’enfant.
Le diagnostic du HPI : où, quand et pourquoi le faire ?
Le WISC-5 est le test qui permet de définir le Quotient Intellectuel des enfants et adolescents de 6 à 16 ans.
Il est composé de 5 indices qui permettent d’avoir un aperçu global des capacités intellectuelles :
- Compréhension Verbale
- Visuo-Spatial
- Raisonnement Fluide
- Mémoire de Travail
- Vitesse de Traitement
Vous pouvez trouver des informations supplémentaires sur le WISC-5 sur le site bilan-psychologique.com.
Si votre enfant a moins de 6 ans, il est également possible de lui faire passer un test : le WPPSI-IV.
Il faut néanmoins vous poser certaines questions avant de passer le test :
- Mon enfant a-t-il besoin d’être diagnostiqué ?
- Cela va-t-il avoir un impact positif ?
- Suis-je au clair, en tant que parent, sur les attentes que cela va engendrer concernant mon enfant ?
Préparez vous au résultat de ce test. Si mon enfant est en dessous ou dans la norme, serais-je déçu ? Si c’est le cas, il est important que vous fassiez un travail sur vous-même. Il est tout naturel pour les parents de vouloir le meilleur pour leur enfant. Ne confondez cependant pas la projection que vous faites de votre enfant et ce qu’il est en réalité.
D’autre part, si vous avez répondu oui à cette question, il est possible que les stéréotypes ne soient pas encore totalement brisés.
Si vous vous interrogez, il est possible que votre enfant soit effectivement HPI. N’attendez pas de lui une réussite scolaire infaillible. Le Haut Potentiel est à la fois un don et un fardeau. Mais, si vous l’accompagnez avec bienveillance et sans pression, votre enfant apprendra à se comprendre et à s’aimer dans toute sa complexité.
Conclusion
Les signes du HPI évoqués plus tôt, et détaillé dans un autre article, ne sont pas tous présents au même niveau. Certains vont avoir un QI extrêmement élevé mais se sentir concernés par des problèmes d’estime de soi ou de faux self.
Par ailleurs, le QI lui-même peut être hétérogène. Certains individus vont avoir une capacité de mémorisation incroyable tandis que d’autres ne retiendront pas leur numéro de téléphone.
La comorbidité avec d’autres neuroatypies accentue cette diversité. Un élève à Haut Potentiel Intellectuel peut être également avoir un TDAH ou un TSA.
J’ai connu une élève qui répondait à presque tous les critères des neuroatypiques. L’empathie était une compétence complexe en raison de son autisme. Mais grâce à sa résilience, souvent forte chez les HPI, elle a travaillé sur son rapport aux autres. Son TDAH perturbait ses apprentissages notamment parce qu’elle éprouvait des difficultés à gérer son matériel de travail. En raison de son hypersensibilité, il était inutile de lui demander quoi que ce soit si un tissu, un bruit, une odeur venait la déranger.
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